Tribulum ou traîneau à dépiquer – XVIIIᵉ siècle – Aveyron
Tribulum ou traîneau à dépiquer – XVIIIᵉ siècle – Aveyron

LE TRIBULUM : UN ANCÊTRE PRÉHISTORIQUE TOUJOURS VIVANT

Le tribulum ou traîneau à dépiquer toujours en activité, s’impose comme le fragile trait d’union visible, tangible, entre les pratiques culturales des temps préhistoriques et celle des temps modernes.

L’hommage rendu ici à ce « trillo » auquel l’écrivain Pierre Minvielle, grand chantre des beautés de la ruralité, consacre un chapitre entier de son ouvrage « La Sierra oubliée », illustre parfaitement la démarche de redécouverte du patrimoine régional entamée par la Galerie vente Aux-Rois-Louis depuis déjà plusieurs années. Aux-Rois-Louis redonne notamment leurs lettres de noblesse aux éléments toujours uniques et touchants issus du mobilier d’art populaire, porteurs de l’âme et du désir de fabuleux artisans oubliés.

Du temps des mammouths à celui des chevaux, en passant par les bœufs, les ânes et les chameaux, le tribulum continue depuis 10 000 ans à séparer paisiblement le bon grain de l’ivraie.

Petite histoire de la grande planche à dépiquer

C’est au moment où nos ancêtres chasseurs-cueilleurs nomades ont choisi de se sédentariser pour pratiquer la culture et l’élevage qu’est apparu cet outil prodigieux : le tribulum ou planche à dépiquer.

Sa création remonte ainsi à ce qu’on appelle le Néolithique (ou âge de la pierre polie) qui prend la suite du Paléolithique (ou âge de la pierre taillée) il y a 10 000 ans, cette mutation prenant son essor tout d’abord au Proche Orient.

Ce changement fondamental dans la façon de vivre en produisant donc, à présent de quoi se nourrir alors que précédemment il suffisait de cueillir et de chasser, est le socle de nos sociétés modernes, agropastorales à l’origine donc, avant de devenir ultra-industrielles.

Cette géniale machine-outil, fabriquée avec les roches dures et les planches de bois disponibles localement, s’est développée au fil des millénaires, depuis le Moyen-Orient jusqu’au Bassin Méditerranéen, atteignant les Sierras du Nord de l’Espagne et en France, les terres volcaniques fertiles du Massif Central.

Piquetage traditionnel avec un tribulum ou traîneau à dépiquer au Moyen-Orient.
Piquetage traditionnel avec un tribulum ou traîneau à dépiquer au Moyen-Orient. Source : Bishop Vincent, John H. (1884), Earthly Footsteps of the Man of Galilee, N.D.Thompson Publishing Co

Un somptueux présentoir à silex taillés bien avant les Musées

Inventé à la préhistoire, les premiers tribula (tribulum au pluriel) furent façonnés à l’aide de simples outils de pierres taillés de main d’homme comme la hache, l’herminette ou le tranchet qui permettaient aisément de préparer les planches de bois incurvées du traîneau. Ensuite, patiemment, des milliers de lames de silex, d’obsidienne ou de basalte étaient taillées puis insérées méticuleusement en lignes parallèles tout le long du talon.

Traîneau à dépiquer de Palestine, 1937. Source : «The Story of the Bible», by the Amalgamated Press, 1937
Traîneau à dépiquer de Palestine, 1937. Source : «The Story of the Bible», by the Amalgamated Press, 1937

Le tribulum perdure de nos jours comme « moissonneuse batteuse préindustrielle » dans certaines campagnes préservées en Tunisie, en Turquie ou bien encore en Syrie.

En Afrique du Nord, ce sont des chameaux qui tractent le tribulum sur lequel le chef de famille se tient parfois assis.
En Afrique du Nord, ce sont des chameaux qui tractent le tribulum sur lequel le chef de famille se tient parfois assis.

Le tribulum ou traîneau à dépiquer s’impose en réalité comme l’un des plus anciens outils agricoles connu.
Il relie avec son ingéniosité et sa superbe simplicité, les paysans précurseurs de l’humanité aux derniers paysans non mécanisés (et au passage non polluants) de l’actuel Proche-Orient.
Si le bois des planches constitutives s’est décomposé pour ce qui concerne les modèles préhistoriques, les tronçons de roches dures qui les armaient ont conservé la trace tangible de leur appartenance à ce type d’outil.
Les altérations visibles sur ces lames de silex, obsidienne ou basalte, sont caractéristiques et ne peuvent être confondues avec celles retrouvées lors d’une coupe à la faucille ou résultant d’un simple piétinement animal.

Le mouvement unidirectionnel et circulaire du tribulum sur une couche végétale de gerbes de céréales produit à la surface des lames de pierres qui arment le traîneau de bois un poli d’une texture rugueuse doté d’une brillance tout-à-fait spécifique.

Segment de lame cananéenne trouvée lors des prospections du projet « Le bassin de Khabur, F. Hole » dans le nord de la Syrie. Cliché d’après Anderson et Whittaker, 2014.
Segment de lame cananéenne trouvée lors des prospections du projet « Le bassin de Khabur, F. Hole » dans le nord de la Syrie. Cliché d’après Anderson et Whittaker, 2014.
Traces d’usures observées sur une lame de silex provenant d’un tribulum ethnographique. Série ethnographique de P. C. Anderson. Cliché de S. Alkalesh.
Traces d’usures observées sur une lame de silex provenant d’un tribulum ethnographique. Série ethnographique de P. C. Anderson. Cliché de S. Alkalesh.

De même, les traces de découpe retrouvées sur les phytolithes (ou squelettes) de certaines plantes céréalières sont reconnaissables entre toutes. Elles ont bel et bien été hachées par le tranchant des lames de silex, d’obsidienne ou de basalte, lors du déplacement circulaire du tribulum.

À gauche : squelette de silice de la tige d’orge vêtue (Hordeum vulgare) (Salim, Syrie). À droite : squelette de silice de la balle de blé dur (Triticum durum) (Ain Salem, Tunisie). Clichés de S. Alkalesh.
À gauche : squelette de silice de la tige d’orge vêtue (Hordeum vulgare) (Salim, Syrie). À droite : squelette de silice de la balle de blé dur (Triticum durum) (Ain Salem, Tunisie). Clichés de S. Alkalesh.

Le tribulum célèbre l'art de vivre des premiers paysans apparus au Proche-Orient

Pourquoi ce fameux tribulum a-t-il connu un tel succès depuis 10 000 ans dans l’aire méditerranéenne ?

  • Le foulage à la main avec des bâtons ou un fléau exige la participation d’un groupe humain conséquent.
  • Un seul homme et un ou deux animaux de trait parviennent en moins de temps et à moindre effort à séparer le bon grain de l’ivraie.

En raison de sa simplicité et de son efficacité, le tribulum continue d’être utilisé aujourd’hui encore dans la région du Jebel-Hauran au Sud de la Syrie à l’aide d’un seul homme et d’un seul cheval de trait.

Le tribulum ainsi tracté foule les gerbes de céréales séchées, étendues sur une vaste aire à battre endurée de terre argileuse bien sèche. La paille hachée résiduelle servira de fourrage et de litière pour les animaux. Elle permettra aussi de consolider les briques de terre crue et certaines poteries.

Utilisation récente d'un tribulum dans la région de Jebel Hauran, au sud de la Syrie.
Utilisation récente d'un tribulum dans la région de Jebel Hauran, au sud de la Syrie. Source : Anderson, Patricia & Georges, J.-M & Vargiolu, R. & Zahouani, Hassan. (2006). Insights from a tribological analysis of the tribulum. Journal of Archaeological Science. 33. 1559-1568. 10.1016/j.jas.2006.02.011.

Survivance du tribulum au fil des siècles

Regardons de plus près un superbe tribulum fabriqué au XVIIIᵉ siècle en Aveyron, fidèle au modèle préhistorique.

Grains de blés sauvegardés dans la dernière « trilla » qu'aura accompli ce tribulum fabriqué au XVIIIᵉ siècle en Aveyron.
Grains de blés sauvegardés dans la dernière « trilla » qu'aura accompli ce tribulum fabriqué au XVIIIᵉ siècle en Aveyron.
Grains de blés sauvegardés dans la dernière « trilla » qu'aura accompli ce tribulum fabriqué au XVIIIᵉ siècle en Aveyron.
Grains de blés sauvegardés dans la dernière « trilla » qu'aura accompli ce tribulum fabriqué au XVIIIᵉ siècle en Aveyron.

Ce tribulum parfaitement bien conservé va vous permettre d’observer au plus près l’intelligence et la simplicité de sa fabrication.

Ce traîneau à dépiquer, nommé « picaïre » en occitan ou « trillo » en espagnol, est composé de cinq planches, en l’occurrence du pin sylvestre de l’Aveyron, qui ont toutes été toutes travaillées en courbes à l’une de leur extrémité. Ces planches sont maintenues par trois épaisses traverses, elles-mêmes fixées à l’aide de gros clous, tels qu’on les forgeait manuellement au XVIIIᵉ siècle. Ces clous traversent les planches et sont recourbés de l’autre côté pour ne point bouger. Au final, ils se confondent avec la forme des éclats de basalte armant la semelle du traîneau.

Clou forgé recourbé, visible entre les lames de basalte avec lesquelles il se confond.
Clou forgé recourbé, visible entre les lames de basalte avec lesquelles il se confond.
Détail de la traverse du bas avec de plus près deux têtes de clous forgés tels qu'on les martelait manuellement au XVIIIᵉ siècle en Aveyron.
Détail de la traverse du bas avec de plus près deux têtes de clous forgés tels qu'on les martelait manuellement au XVIIIᵉ siècle en Aveyron.
Traverse du haut maintenant les planches de pin sylvestre composant ce traîneau à dépiquer, fabriqué au XVIIIᵉ siècle en Aveyron.
Traverse du haut maintenant les planches de pin sylvestre composant ce traîneau à dépiquer, fabriqué au XVIIIᵉ siècle en Aveyron.

La phase la plus longue peut alors débuter. La taille de milliers de lames de silex, d’obsidienne ou comme ici de basalte – certains tribulum comptant jusqu’à 3000 « dents » de ce genre – puis la mise en place de chacune d’entre elles, en maîtrisant soigneusement leur emplacement. En effet, ces lames de roches dures doivent être insérées dans la partie la plus tendre du bois, entre les nervures, en respectant obligatoirement le canevas tissé par le fil du bois.

On observe sur ce gros plan à quel point le mouvement des nervures du bois guide la mise en place des lames de basalte, quitte à zigzaguer au besoin.
On observe sur ce gros plan à quel point le mouvement des nervures du bois guide la mise en place des lames de basalte, quitte à zigzaguer au besoin.
Confronté à un nœud, l'artisan a savamment inventé un autre motif permettant de le contourner et de l'intégrer tout à la fois.
Confronté à un nœud, l'artisan a savamment inventé un autre motif permettant de le contourner et de l'intégrer tout à la fois.

On peut dès lors imaginer notre fier paysan juché debout sur son traîneau, tiré par son compagnon de trait, âne, cheval, bœuf ou chameau, et tournant sous le soleil éclatant, foulant au « trillo » les gerbes d’orge, de seigle ou de blé, jusqu’à en extraire impeccablement le bon grain de l’ivraie.

Tel le champion dans l’arène brassant dans une poussière d’or sa précieuse récolte avec pour public les familles paysannes assises le long de la murette arrondie entourant l’aire de battage.

Ce spectacle qui ne se jouait qu’une fois dans l’année fut décrit à merveille par l’auteur pyrénéen Pierre Minvielle dans son ouvrage « La Sierra oubliée », évoquant la Sierra Guara située dans le Nord de l’Espagne.

À la fin des années 70, le jour de la « trilla » fut brutalement abandonné, alors qu’il était depuis des millénaires l’occasion et la condition même de la solidarité paysanne.

« L’homme, monté sur le trillo tel Ben Hur sur son char, menait son attelage en rond, glissant sur la surface dorée des gerbes étalées. » Je vous laisse lire la suite, c’est juste bouleversant.

Pierre Minvielle La Sierra oubliée
« La Sierra oubliée » de Pierre Minvielle, ed Rando, 2000 - ISBN-13 : ‎ 978-2841820375

La Trilla

Chaque fin de moisson annonçait le retour de « la trilla », version primitive du dépiquage. Plus qu’une opération pratique, La trilla ressemblait à quelque rite antique. Sa célébration l’apparentait aux canons de la tragédie grecque dont elle adoptait la règle, celle des trois unités, de lieu, de temps et d’intrigue.

La trilla en effet se déroulait exclusivement sur l’aire de dépiquage, espace circulaire, plan, soigneusement entretenu. Ailleurs, en Turquie ou au Liban, j’ai vu de telles aires pavées de loses jointoyées. A Rodellar, la surface de l’aire était en terre battue, épierrée avec minutie ; l’herbe y poussait au printemps ; mais on y menait aussitôt les brebis pour tondre le duvet vert

afin de conserver à cette joue de terre son aspect glabre. Une remise à outil, « la caseta », servait d’annexe à la piste que limitait une murette circulaire.

C’était sur cette banquette que les parents, les voisins, les amis venaient s’asseoir, au soir de la moisson, pour se remettre des fatigues du jour. De leur alignement circulaire fusaient des blagues auxquelles répondait l’acteur de la trilla placé au centre de l’arène, comme si l’aire avait été l’espace scénique d’un théâtre antique. D’ailleurs, voyageant autour de la Méditerranée, dans la zone géographique où se pratiqua précisément la trilla, combien de fois, devant le Colisée à Rome, devant le grand théâtre à Éphèse, devant l’amphithéâtre de Byblos ou la cavea ronde de Timgad, me suis-je demandé si les architectes des arènes et des théâtres grecs et romains n’avaient pas trouvé l’inspiration première de ces structures à gradins circulaires dans 1a forme ronde des aires de dépiquage. L’installation ne servait qu’un seul jour, celui de la trilla, plus une autre journée consacrée aux travaux annexes qui étaient la conséquence de la trilla proprement dite. Le souci de protéger la récolte justifiait, à lui seul, de concentrer l’action et de la ramasser en une seule journée. Un tel regroupement venant à la suite du fauchage des céréales et du liage des gerbes conférait à la trilla un caractère fiévreux qui consacrait son rôle de sommet dramatique. L’apothéose survenait le lendemain, lorsque pour séparer le grain de la balle, on le lançait en l’air à pleines pelletées afin que le vent emporte le son tandis que le grain, plus lourd, retombait à la verticale. Je ne me lassais pas de contempler un tel geste, la brassée de pépites qui montait vers le ciel et qui s’éparpillait, les téguments qui recouvraient l’assistance et les choses alentour de leur pellicule dorée, la transmutation en or de tout ce que contenait le périmètre, bref la matérialisation, sous mes yeux, du mythe de Crésus.

Pareille métaphore de la richesse mettait un terme définitif à la pièce.

Un peu éberlué, je réalisais que chacun de ses actes, chacune de ses scènes s’étaient enchaînés selon une dramaturgie efficace. Le thème de l’intrigue ? La Fortune. Une fortune matérialisée par les céréales ; une opulence métaphorisée par l’éclat doré du son et du blé ; une richesse acquise par l’opiniâtreté du travail. La rigueur de la construction dramatique était parfaite. La scène d’ouverture montrait l’arrivée des gerbes que la noria des mules remontait des champs situés en contrebas. Ensuite, lorsqu’on étalait les tiges à épis sur le sol plan de l’aire, on ne faisait rien moins que d’exposer à la vue de l’assistance le protagoniste essentiel, le blé (ou l’avoine, ou le seigle, ou le sarrasin). L’autre protagoniste de la pièce, c’était l’homme, en général le chef de famille. Pour jouir de tous ses effets, il entrait en scène avec ses accessoires, c’est-à-dire son âne ou une mule ou les deux, attelés au « trillo ». Le trillo était un énorme patin en bois d’olivier, en forme de surf très large et dont la semelle était garnie d’un bon millier de silex taillés et fichés de champ dans le bois du traîneau. Ces multiples lames servaient à séparer le grain de l’ivraie. Elles le faisaient en douceur, « bien mieux que les batteuses modernes », se lamenta un jour Tomas devant moi.

Ce curieux engin remontait à l’Antiquité puisque Virgile déjà avait chanté le « tribulum » et ses mérites dans les Géorgiques. L’homme, monté sur le trillo tel Ben Hur sur son char, menait son attelage en rond, glissant sur la surface dorée des gerbes étalées. L’image venait à l’esprit qu’il nageait sur l’or, mais on savait qu’il s’agissait de pailles et d’épis. Et l’on se prenait à plaindre cet homme, comme frappé par un destin néfaste qui le condamnait à tourner en rond ; on pensait à Sisyphe avec son rocher ; on se persuadait qu’un manège aussi répétitif ne pouvait être que le fruit du mauvais sort. Puis la réalité s’imposait et l’on comprenait qu’il s’agissait là d’une image de l’opiniâtreté, celle du labeur, de l’effort, du courage, une ténacité sans laquelle il n’y avait point de salut et l’on entrevoyait que cette obstination triompherait du mauvais sort. N’était-ce point de ce credo qu’il s’agissait, en définitive ? Puisque, au soir de la trilla, une fois la paille enlevée, ce qui resterait sur le sol, le blé en grains, représenterait tout à la fois la nourriture, le bien-être, peut-être même la richesse ?

Lorsque, dans mes souvenirs, renaissent les gestes de la trilla, j’ai l’impression d’avoir assisté à la naissance de l’art dramatique. Son cadre, son esprit, sa verve et sa fonction sociale se retrouvent dans la scène rurale. Un lien direct rattache en moi les acteurs de Rodellar qui s’appelaient Miguel, Tomas ou Mariano, avec les acteurs du théâtre d’Ésope. Les uns et les autres chantaient le sort, et imploraient le bon vouloir des dieux. En 1966, la location collective d’une batteuse par les agriculteurs de Rodellar introduisit une méthode mécanisée de dépiquage et mit brutalement fin à la pratique de la trilla qui remontait à la nuit des temps. Les « trillos » furent rangés au magasin des accessoires inutiles. Certains furent abandonnés sur l’aire, d’autres brûlés, comme si ces vestiges d’une rusticité antique faisaient honte à leurs propriétaires, soudain devenus zélotes du modernisme. J’en ai racheté quelques-uns. Mon prix était de 150 pesetas pour un trillo. Mes amis me conseillaient de baisser le prix. « Pourquoi payer une telle somme un objet qu’on te donnerait pour rien ? », disaient-ils. Pourquoi ? Mais pour la valeur poétique des « trillos », parbleu ! Un outil qui nous arrivait tout droit du néolithique, ça valait bien quelques pesetas.

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